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Ága, un film touchant au coeur de la Sibérie

Ága est un film touchant et émouvant qui nous plonge au coeur de la Sibérie, dans le quotidien traditionnel d’un couple du Grand Nord. 66°Nord est partenaire de ce beau film qui sort en salle le 21 novembre dans toute la France.

Aga affiche du film

Le film

La cinquantaine, Nanouk et Sedna vivent harmonieusement le quotidien traditionnel et ancestral d’un couple Iakoute en Sibérie. Jour après jour, le rythme séculaire qui ordonnait leur vie et celle de leurs ancêtres vacille. Nanouk et Sedna vont devoir se confronter à un nouveau monde qui leur est inconnu.

Le film est tourné sur un territoire immense, grand comme 6 fois la France, situé entre le lac Baïkal et le détroit de Béring. À cet endroit vit un peuple qui affronte de longs hivers et des températures entre -50 et -70°c.

Le réalisateur bulgare Milko Lazarov part à la rencontre d’un rapport au monde d’une forte cohésion avec l’environnement sibérien austère. Si son personnage principal se nomme Nanook, c’est que le réalisateur ne cache pas sa filiation à l’égard de Robert Flaherty et de son film éponyme. Aga est une sorte de fable écologique tirant la sonnette d’alarme sur une certaine modernité destructrice.

Pêche traditionnelle et ancestrale Sibérie

Le film a été sélectionné dans les festivals suivants :

  • Sélection Officielle HC, Berlin 2018 Film d’ouverture,
  • Sofia 2018 Meilleur film,
  • Téhéran 2018Meilleur réalisateur,
  • Astana 2018 grand Prix,
  • Cabourg 2018 Meilleur Film,
  • Sarajevo 2018

Présenté aux festivals de Hong-kong, Oslo, Sydney, Jérusalem, Moscou, Haifa, Thessalonique, Valladolid, Macao, Trieste… Présenté en France aux festivals de La Rochelle, Douarnenez, Gindou, Montélimar, Auch, Gardanne, Arrarras, Thônes, sarlat, aubenas…

Naissance du projet

Lorsque Milko Lazarov était enfant, il aimait beaucoup les récits d’aventures et se passionnait pour les grandes découvertes. Le metteur en scène avait lu de nombreux livres sur le grand Nord et sur ses explorateurs, comme Roald Amundsen qu’il admirait. Il se rappelle : « L’idée vient probablement de là. Au départ, je voulais raconter l’histoire d’un vieux couple inuit. Nous avons prospecté au Canada, au Groenland puis en arrivant en Iakoutie, j’ai commencé à envisager de tourner là-bas. Je voulais raconter une histoire d’amour très simple, qui se déroulerait au sein de la « dernière famille du monde ». J’avais pensé tourner au départ dans le nord de la Bulgarie car nous y avons-là un contexte analogue, de belles montagnes et des parents âgés, comme ceux que l’on voit dans le film. Leurs enfants sont eux aussi partis en Espagne, en France, en Allemagne. Ils communiquent avec eux par Skype. J’ai cependant souhaité pousser le curseur vers le Grand Nord pour que cette histoire soit universelle. »

Aga Nanouk en Sibérie

Les deux personnages principaux

Feodosia Ivanova, qui joue Sedna, vit au beau milieu de la Sibérie, dans la taïga où elle s’occupe de vaches. Elle est non professionnelle. Toutefois, Milko Lazarov l’avait vue dans un film amateur tourné dans la région par son neveu, ce qui l’a convaincu de l’engager. Le réalisateur précise : « Les autres acteurs sont, quant à eux, professionnels. Ils jouent au théâtre. Feodosia a beau ne pas être professionnelle, elle est très talentueuse. Lorsque je l’ai vue pour la première fois à l’écran, j’ai su que nous avions trouvé notre Sedna. Quand je lui ai demandé de jouer dans mon film, elle est partie d’un grand rire. La fabrication du film a été très facile. L’équipe, les acteurs et moi-même sommes devenus une vraie famille. »

Couple Iakoute Nanouk et Sedna

Conditions de tournage

Le tournage de Ága a duré 36 jours. Le film a été tourné aux mois de mars-avril, en argentique, en 35mm, ce qui a compliqué un peu les choses. La pellicule a voyagé de Iakoutie à Moscou et de Moscou à Paris et ce, à 17 reprises ! Là, elle était développée en laboratoire, ce qui était un vrai défi, comme s’en rappelle le cinéaste :

« Face aux difficiles conditions climatiques, mon directeur de la photo a demandé à ce que l’on change l’huile de la caméra, pour qu’elle résiste aux basses températures. On avait aussi des équipements de secours pour la caméra, comme des batteries. Notre productrice a acheté des vêtements auprès d’une entreprise russe, spécialisée dans les expéditions. Nous étions équipés comme des explorateurs au Pôle nord, ce qui fait que nous n’avons jamais eu froid, même par -30 degrés au début du tournage, puis -42 par la suite. Nous passions environ 13 heures par jour dehors, sans jamais souffrir des températures, grâce à notre équipement. A cette époque de l’année, le temps change très vite. Un mois là-bas correspond à un trimestre en Europe, ce qui explique qu’on a le sentiment de changer de saison dans le film. Le printemps dure en moyenne 20 jours en Iakoutie.« 

Traineau à chiens en Sibérie, Aga le film

Hommage à Nanouk

Ága est un hommage à Nanouk, l’Esquimau de Robert Flaherty. Milko Lazarov confie : « Nanouk n’est en aucun cas un documentaire, comme on le sait. Flaherty a tout mis en scène. Il a dirigé ses personnages et a recréé toutes les situations. Il s’agit d’une fiction, tout comme mon film. »

Aga, nanouk

La lumière particulière du film

La lumière du film est extrêmement stylisée, notamment à l’intérieur de la yourte et sur les visages. Milko Lazarov a montré des tableaux de Vermeer à son chef opérateur pour qu’il s’en inspire. Ensemble, ils ont travaillé dans cette direction-là, en créant une lumière blanche et douce. Il explique : « Nous n’avons utilisé que deux projecteurs pour mêler cette lumière artificielle à la lumière naturelle qui tombait du haut de la yourte. Nous avons abordé la lumière, de manière très picturale, en travaillant les contrastes. Quand vous tournez en vidéo, ce n’est pas le même rendu que lorsqu’on filme en pellicule. La pellicule prend la lumière naturellement. Pellicule et lumière sont intimement liées. »

Sedna et Nanouk dans leur Yourte en Sibérie

Découvrez dès à présent Ága au cinéma !