Faire du chien de traineau en Laponie : infos pratiques

Le chien de traîneau est le meilleur moyen de découvrir la Laponie l’hiver. Pourquoi en faire, comment, qui sont nos chiens, est-ce accessible à tous ? Responsable du chenil, guide et logisticien sur notre base Norwide Finlande pendant quatre ans, Ludovic Vivares vous explique.

Pourquoi faire du chien de traineau en Finlande

Parce que c’est génial ! La sensation de glisse sur la neige au milieu des lacs et des forêts, le bruit des chiens qui respirent, le silence de la nature qui t’entoure… tu as vraiment la sensation de faire partie de l’environnement. Tu évolues silencieusement en glissant sur la neige et tu n’es pas seul, tu fais équipe avec tes chiens.

Faire du chien de traineau c’est aussi utiliser un moyen de déplacement ancestral, à la manière des Inuits et des trappeurs d’autrefois. C’est authentique.

Et pourquoi en faire spécifiquement en Finlande ? Parce que le pays s’y prête parfaitement. Le terrain est plat avec de grands lacs gelés sur lesquels on peut évoluer ainsi que la taïga enneigée qui est magnifique. Et puis il fait froid, un vrai froid arctique, sec, et les chiens adorent ça. Quand les premières neiges arrivent, ils sont surexcités. Tu sens leur énergie et c’est génial de les voir comme ça.

Un autre avantage indéniable en Finlande, c’est que l’on peut faire des raids en traîneau sur une semaine. On part en itinérance en complète autonomie, et on va de cabane en cabane. Chaque nuit, on dort dans un nouvel endroit. Ça permet de prendre vraiment en main l’attelage. C’est là où tu apprends le mieux le rôle de musher et où tu tisses de vrais liens avec tes chiens.

Le rôle du musher : comment gère-t-il son traîneau

Le rôle du musher est de gérer son attelage et celui du guide est de vous apprendre les règles pour bien le maîtriser. Gérer son attelage ça veut dire faire équipe avec ses chiens : leur dire quand partir, quand s’arrêter, leur indiquer où aller, les aider dans les montées, connaître leurs noms, savoir les atteler, défaire leurs harnais, les câliner, bref, s’en occuper et communiquer avec eux.

Il faut aussi savoir gérer le frein pour maîtriser la vitesse du traineau, notamment dans les descentes et les virages, l’arrêt des traîneaux avec les ancres que l’on plante dans la neige et les cordes de largage que l’on attache autour d’un arbre.

Pendant les expéditions que l’on propose sur plusieurs jours, on est seul sur son traineau. La semaine permet une vraie prise en main de l’activité. On propose également des journées découverte. Là on est deux sur le traîneau, l’un maîtrise son attelage et l’autre est assis et profite du paysage. Et puis on alterne. Même si ce n’est qu’une journée, ça permet quand même une belle vue d’ensemble de l’activité.

Est-ce accessible à tout le monde ?

Oui, tout le monde peut découvrir l’activité, mais il faut quand même être en mesure de courir et d’être actif. C’est une activité physique. Il faut régulièrement courir dans la neige pour aider les chiens dans les montées par exemple. Équipés de vêtements grand froid, dans la poudreuse, c’est parfois sport ! Et puis il y a aussi toute la partie où il faut atteler les chiens, leur mettre les harnais, les nourrir… Tout ça fait partie de l’activité.

C’est aussi accessible aux enfants qui sont parfois même plus débrouillards que les adultes ! Ils sont vifs, n’ont pas peur et gèrent généralement très bien leur attelage.

Qui sont et d’où viennent nos chiens de traineau

Nos chiens de traineau sont des Alaskan huskies, un mélange entre plusieurs races de chiens nordiques : malamute, samoyède, groenlandais… Du coup, ils ont pris les caractéristiques de toutes ces races, ce qui en fait de supers chiens de traineau. Ils sont totalement adaptés pour tirer, ils ont la carrure et la musculature fait pour, et aussi pour résister au froid. Dans leur caractère, ils ne sont ni trop dominants, ni trop fragiles.

Et puis nos chiens sont adorables. Si entre eux il tiennent une hiérarchie parfois sévère, avec les humains ce sont de vraies peluches. Ils veulent toujours des câlins.

Maintenant la quasi totalité de nos chiens sont nés au chenil en Finlande et ne connaissent que la Laponie.

Chaque chien a son caractère, sa personnalité, sa bouille bien à lui. On s’attache vite et on a tous un peu nos chouchous. Pour ma part, j’aime beaucoup Many, un gros nounours tout calme mais qui en traîneau est une machine de guerre. Aujourd’hui vous ferez certainement de la cani-rando avec lui car il est à la retraite. Kublay est beau également et Freki est très intelligent. Vous vous ferez vos propres chouchous !

Dressage des chiens de traineau

En tant que responsable de la meute pendant deux ans, j’ai participé au dressage des chiens. La première chose qu’on leur apprend c’est leur nom. Pour ça, on leur répète dans toutes les actions qu’on fait avec eux jusqu’à ce qu’ils comprennent. Et puis on leur apprend le « non » aussi. Ils savent ainsi ce qu’on attend d’eux. Une fois qu’ils ont compris ces deux choses, la communication est fluide et tu peux faire ce que tu veux avec eux.

Pour ce qui est de tirer les traineaux, on les initie tout petit. Ils commencent par tirer des charges légères comme des bûches ou des rondins de bois. C’est un vrai jeu pour eux, un peu comme un sport dans lequel ils se défoulent. On voit qu’ils adorent ça. Ils ont tellement d’énergie à dépenser. De toute manière, c’est assez simple de savoir s’ils aiment ou pas, s’ils n’aiment pas ou ne veulent pas quelque chose, ils ne le font pas, tout simplement.

Ensuite, on les met progressivement à l’attelage, généralement avec un chien de tête expérimenté et calme qui va montrer l’exemple. Ils vont apprendre par mimétisme.

Comment fonctionne la meute

Une meute est généralement constitué d’une vingtaine d’individus. Dans notre chenil chez 66°Nord, on a 200 chiens. Donc ce n’est pas une seule meute, mais plutôt plusieurs meutes avec des systèmes de hiérarchie différents. Dans chaque meute il y a un dominant et puis par ordre décroissant et structuré, des dominés. S’il y a 20 chiens, il y a le n°1, le n°2, le n°3, etc. Ce sont des chiens mi-domestiques, mi-sauvages. Ils connaissent par coeur les humains et les dominants numéro 1, c’est nous. Mais leur instinct est aussi très fort d’où cette hiérarchie entre eux comme dans une meute de loups.

Dans un gros attelage de 8 chiens, on a dans l’ordre, du plus éloigné du traîneau au plus proche du musher :

• les chiens de tête,
• les swing,
• les team,
• et les wheel.

Mais on a rarement de si grands attelages, ça c’est uniquement si tu es très chargé. Sinon, c’est plutôt des attelages de 6 ou de 4 chiens. À ce moment-là, tu as les chiens de tête et les wheel.

Pour les choisir, on met les plus intelligents devant et ceux qui n’ont pas peur de ceux qui sont derrière. Ce sont des chiens qui ont un caractère assez fort. Derrière, on met les plus massifs, les plus costauds.

Tous sont attachés de part et d’autre de la ligne, par paire, à la manière des trappeurs d’autrefois. Ce type d’organisation de l’attelage permet de longer les lacs, de slalomer entre les arbres dans les forêts et ça permet également de damer la neige pour créer des pistes. Quand la piste n’est pas faite, le musher marche devant le traineau pour tasser la neige et les chiens suivent, dans ses traces. On va retrouver ce système d’attelage par paire au Canada, en Finlande et en Sibérie, là où il y a des forêts. Au Groenland par exemple, il n’y a pas de forêts, le système d’attelage est différent, il est en éventail, pour palier les crevasses de la glace.

Comment est géré notre chenil

Le chenil est à 3 km de notre auberge en Finlande. On a un bâtiment sur place nommé « la Tanière » dans laquelle réside notre équipe chenil qui y reste en permanence pour s’occuper des chiens. C’est eux qui s’occupent de les nourrir, de nettoyer les enclos, de préparer les attelages, etc. Soir et matin on les nourrit.

Si l’hiver, nos huskies sont bien occupés à tirer les traineaux et à parcourir la taïga, l’été c’est repos, ils chillent. La chaleur est écrasante et eux qui sont surexcités l’hiver, l’été quand tu passes dans les enclos à 15h, tu entends les mouches voler. C’est la sieste. En septembre les entraînements reprennent et en décembre avec l’arrivée de la neige, l’activité redémarre.

Le chien de traineau est l’activité phare de notre camp d’activité Norwide en Finlande et au Canada. On propose des séjours multi-activités qui permettent une initiation au chien traineau, et de manière un peu plus poussée et intensive, des semaines d’expédition qu’on appelle aussi « raids », où on part sur une semaine avec son attelage, en itinérance et en autonomie complète. Toutes nos activités sont encadrées par des guides francophones passionnés spécialistes de l’Arctique.

Nous avons le même camp d’activité Norwide Canada au Québec, au pied du lac Taureau. Nos guides vous initierons au chien de traineau et aussi à la culture québécoise. Et enfin, si vous souhaitez tester le chien de traineau à la manière des Inuits, rejoignez-nous au Groenland !