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Flore arctique, les stratégies étonnantes des plantes contre le froid

La flore arctique a développé de nombreuses stratégies au cours du temps pour survivre et lutter contre le froid. Voici quelques plantes polaires et leurs particularités que vous aurez certainement la chance d’observer lors de vos randonnées dans l’Arctique.

flore arctique en Islande 66°Nord

On imagine souvent l’Arctique comme un grand désert de glace où ne survivent que les ours blancs et quelques renards polaires. Pourtant, quand l’été arrive, la neige fond et laisse place à la toundra. « Toundra » vient des Sami du nord-ouest de la Russie et signifie « terre stérile » ou « terre sans arbres », ce qui n’est pas tout à fait vrai. Même si la nature se fait discrète et petite, il n’existe pas moins de 2 000 espèces de plantes différentes. Parmi elles, des fleurs, des mousses, des lichens, des champignons, et également des arbres. Ainsi, les botanistes sauront trouver leur bonheur dans ces lieux froids de la planète.

Nanisme et autres stratégies de survie de la flore arctique

Se faire petit est la règle pour la flore polaire. En effet, en restant proche du sol, elle profite de sa chaleur. Cette croissance horizontale aide également les plantes à profiter de la couverture de neige isolante pendant l’hiver. Le nanisme est ainsi chose commune chez les arbres du grand nord comme le saule polaire ou le bouleau nain qui ne dépassent parfois pas 5 cm de hauteur durant leur vie.

On retrouve également des fleurs sous forme de coussin comme les saxifrages. Cette forme arrondie permet de conserver la chaleur et l’eau et de réduire la prise aux vents. Se coller les unes contre les autres, comme la silène acaule, est également un moyen de lutter contre le froid.

Pour les plantes qui osent s’aventurer hors du sol et laisser leurs tiges grandir, comme le pavot polaire ou le saule laineux, on remarque généralement des feuilles et tiges recouvertes d’un fin duvet, des feuilles épaisses pour éviter l’évapotranspiration sous l’effet des vents violents desséchants, ou des couleurs et formes permettant une meilleure absorption de la lumière.

Voici quelques unes de ces plantes :

La silène acaule (silene acaulis)

Il y a fort à parier que vous croiserez cette jolie fleur rose lors de vos randonnées dans le grand Nord. La stratégie de cette plante arctique pour lutter contre le froid et la déshydratation est de se regrouper en un petit coussin qui lui donne des allures de mousse. Contrairement à ce que son nom indique, la silène n’est pas acaule (= sans tige), mais possède bel et bien un pédoncule de quelques centimètres. Une jolie fleur qui colore la toundra.

Silène acaule, Kerlingarfjöll, Islande. ©Caroline de Fréminville

Silène acaule, Kerlingarfjöll, Islande. ©Caroline de Fréminville

Le pavot du Spitzberg ou pavot polaire (papaver dahlianum)

Cette petite fleur emblématique du Spitzberg est présente dans tout l’archipel. On la retrouve même sur le drapeau du Svalbard. Vous aurez peut-être l’occasion de l’observer sur la côte Ouest du Groenland, mais vous décuplerez vos chances au Svalbard. C’est l’espèce de pavot qui pousse le plus au nord du monde. Ce petit coquelicot arctique pousse généralement sur les sols rocailleux et est soit jaune vif, soit blanc crème. A la différence des fleurs en coussins comme les saxifrages ou la silène acaule, le pavot arctique s’élève de 10 à 15 cm hors du sol, fièrement dressé sur sa tige. Pour lutter contre le froid, ses feuilles et sa tige sont enrobées d’un fin duvet. La couleur et la forme de ses pétales lui permettent également de mieux capter la lumière du soleil. Ces pavots ont été immortalisés par un de nos voyageurs 66°Nord, sur les hauteurs d’Ekman au Svalbard.

Pavot du Spitzberg, Svalbard ©Florent Goumy

Pavot du Spitzberg, Svalbard ©Florent Goumy

La saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia)

De couleur rose-violet, la saxifrage à feuilles opposées est présente dans un peu tout l’Arctique, mais également dans les régions montagneuses françaises comme les Alpes ou les Pyrénées. Sa couleur vive colore la toundra et sa formation en coussin lui donne un air moelleux qui lui permet également de résister au froid et au vent. Un joli cliché de Yannick Long, guide 66°Nord au Spitzberg.

Saxifrage à feuilles opposées, Spitzberg ©Yannick Long

Saxifrage à feuilles opposées, Spitzberg ©Yannick Long

La saxifrage cespiteuse (Saxifraga cespitosa)

On trouve la saxifrage cespiteuse en arctique, particulièrement en Islande, mais également dans les zones montagneuses des Alpes. Comme les autres saxifrages, la saxifrage cespiteuse pousse en coussinet. Elle est parsemée de fleurs blanches qui peuvent frôler la terre comme s’ériger à 10 cm au-dessus du sol. Celles-ci ont été photographiées sur les hauteurs de Longyearbyen par Nicolas Bichet, responsable de la destination Spitzberg chez 66°Nord et guide arctique.

Saxifrage cespiteuse, Spitzberg ©Nicolas Bichet

Saxifrage cespiteuse, Spitzberg ©Nicolas Bichet

La dryade à huit pétales (Dryas octopetala)

La dryade à huit pétales est très présente en Islande, mais également en Europe, au Canada et au Spitzberg. Elle est reconnaissable par ses allures de camomille. Pour les reconnaître, vous observerez un cœur jaune, huit pétales blanc crème, de longues tiges et de petites feuilles vertes un peu grasse.

Dryade à huit pétales Islande ©Caroline de Fréminville

Dryade à huit pétales Islande ©Caroline de Fréminville

La linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri)

Cette petite fleur cotonneuse est généralement très appréciée des voyageurs, elle est un peu la fleur « ours polaire » de l’Arctique. On peut la retrouver dans tout l’hémisphère nord comme en Scandinavie, en Islande, au Groenland, au Canada, au Svalbard et également dans les régions montagneuses de France, comme les Alpes. La linaigrette pousse généralement dans les régions humides marécageuses, au bord des rivières et des lacs. Elles poussent généralement par groupes de plusieurs fleurs.

Linaigrette de Scheuchzer, Islande, Viti ©Caroline de Fréminville

Linaigrette de Scheuchzer, Islande, Viti ©Caroline de Fréminville

Le saule polaire (Salix polaris)

Le saule polaire n’est pas une espèce très répandue sur la planète. On en trouve dans le nord canadien, à la frontière Norvège-Suède et au Svalbard. Au Svalbard, le saule polaire est l’une des espèces d’arbre (oui oui c’est un arbre) les plus répandues de l’archipel. La stratégie de cet arbre pour survivre est le nanisme. Grandissant de quelques millimètres par an, il ne s’élève pas à plus de 5 cm du sol et rampe. Ainsi, attention où vous mettez les pieds lors de vos randonnées au Spitzberg ! Vous pourriez bien marcher sur une forêt. Et bien sûr, pas question d’abîmer ces arbres séculaires qui se battent au quotidien pour survivre. A l’automne, les feuilles se colorent et participent au rougeoiement de la toundra. Sur la photo, Paul Jouet, guide 66°Nord montre au groupe un saule polaire au Spitzberg, à Svéa.

Saule polaire, Svéa, Spitzberg ©Florent Goumy

Saule polaire, Svéa, Spitzberg ©Florent Goumy

Le bouleau nain (Betula nana)

Autre arbre qui a recourt au nanisme pour lutter contre le froid et le vent, c’est le bouleau nain. Vous le trouverez dans toutes les contrées du grand Nord, notamment sur la côte ouest du Groenland, au Canada, en Scandinavie et en Islande. Pour le reconnaître c’est plutôt simple, il ne dépasse pas 1 mètre de haut et ses feuilles sont petites et dentelées.

Celui-ci a été photographiée dans le Nord de l’Islande, à Myvatn.

Bouleau nain, Myvatn, Islande ©Caroline de Fréminville

Bouleau nain, Myvatn, Islande ©Caroline de Fréminville

Le saule laineux (Salix lanata)

Le saule laineux est une espèce que l’on retrouve essentiellement dans les régions subarctiques, notamment en Islande. Peu haut, le saule laineux a les feuilles gris-vert et est recouvert d’un fin duvet, d’où son nom « laineux ». Celui-ci rampe sur les terres de lave du Krafla, en Islande.

Saule laineux, Myvatn, Islande ©Caroline de Fréminville

Saule laineux, Myvatn, Islande ©Caroline de Fréminville

La liste est bien évidemment loin d’être exhaustive. Si vous souhaitez en apprendre plus sur ces fleurs aussi délicates que robustes et les observer de votre propres yeux, rejoignez nos groupes en voyage accompagné dans les terres polaires. Nos guides, experts de l’Arctique, ont une fine connaissance de la faune et de la flore du pays dont ils sont spécialistes.

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Liens utiles :

www.naturalista.mx/taxa : tapez le nom de la fleur que vous recherchez dans la barre de recherche et vous trouverez les endroits de la planète où la voir.

svalbardflora.no : un site très complet avec un grand nombre de plantes répertoriées, uniquement au Svalbard.