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Immersion hivernale au Groenland

Avec ces températures estivales, que diriez-vous de repartir dans le grand froid ? Elodie, spécialiste du Groenland chez 66°Nord vous emmène au Groenland, dans les souvenirs de son voyage polaire réalisé ce printemps 2020.

Elodie Roux, spécialiste du Groenland

Elodie Roux, spécialiste du Groenland

« Cela faisait un moment que je n’étais pas retournée en baie de Disko, au Groenland, et je rêvais d’y retourner ! Rien de tel qu’un petit -20°C pour déconnecter de chez-soi et se reconnecter à la nature. J’ai donc rejoint un groupe de six voyageuses sur le voyage multi-activités au Groenland. Cinq d’entre elles découvraient pour la première fois le Groenland (c’était même la toute première expérience en territoire polaire pour certaines d’entre elles).

Notre voyage en quelques mots : traîneau à chiens, aurores boréales, villages de pêcheurs, mini-raid itinérant en raquettes, nuits en refuge…

A l’aller, j’avais quelques heures d’escale à Kangerlussuaq, ville groenlandaise sur la côte Ouest. Je n’ai pas eu le temps d’aller marcher sur l’inlandsis appelée aussi « calotte polaire » (il aurait fallu une journée sur place)… mais j’ai pu m’imprégner de l’ambiance très particulière de ce village du bout du monde.

C’est d’ici que part chaque année le Marathon du cercle polaire. Certaines portions du parcours se font directement sur la calotte polaire ! Ça me laissait rêveuse… mais de là m’inscrire… peut-être pas !

Ca y est, c’était le départ pour Ilulissat, on a embarqué dans un Dash-8, petit avion rouge à hélices. Nous volions bas et la vue sur l’inlandsis était fantastique.

Inlandsis au Groenland ©Elodie Roux

Vue sur l’inlandsis du Groenland ©Elodie Roux

A notre arrivée à Ilulissat, Pierre, notre guide, nous attendait. Le cadre était planté : de la neige, des icebergs et des maisons colorées. Nous découvrions cette petite ville de 4 500 habitants située à 250 km au Nord du cercle polaire. C’est la troisième plus grande ville du pays. Il y avait tout de suite une très bonne ambiance dans le groupe. Le voyage s’annonçait prometteur !

Nous avons pris le temps de nous installer dans notre guesthouse et c’était déjà le moment de partir pour une excursion en motoneige. Nous avons eu de la chance, les premières aurores boréales étaient au rendez-vous. J’ai beau en avoir déjà vu en Finlande et en Islande, je reste toujours autant fascinée par ces lumières du Nord dansantes. Et même si je sais que ce phénomène s’explique scientifiquement (Cf notre quiz 66°Nord sur les aurores boréales), je reste toujours autant émerveillée quand je les observe.

Traîneau à chiens : la méthode groenlandaise

Le lendemain, nous avons testé un mode de déplacement traditionnel : le traîneau à chiens. J’avais déjà eu la chance de diriger un attelage au Canada et en Finlande et j’avais adoré cette expérience. J’attendais donc avec impatience de découvrir la méthode groenlandaise de chien de traîneau.

Préparation du traîneau à chiens

Préparation du traîneau à chiens ©Elodie Roux

En Laponie les chiens sont placés en ligne, deux par deux pour pouvoir se déplacer facilement entre les arbres de la forêt boréale. Au Groenland, comme il n’y a pas d’arbres, les chiens sont disposés en éventail. Ce qui leur permet de tracter des traineaux plus lourds, jusqu’à 300 kg nous expliquait Pierre.

Notre musher s’est placé à l’avant pour diriger l’attelage, les chiens se sont élancés, se sont baladés à gauche, à droite, créant un beau sac de nœuds. Les paysages qui défilaient devant nous étaient superbes.

Traîneau à chiens sur la côte Ouest du Groenland

Traîneau à chiens ©Elodie Roux

Départ pour Oqaatsut et découverte de la banquise

L’après-midi, nous sommes partis pour le petit village d’Oqaatsut à 20 km au Nord d’Ilulissat. Le programme indiquait « transfert en motoneige ou en bateau selon les conditions d’enneigement« . Quand on voyage dans les terres polaires, il faut savoir s’adapter à la nature, toute puissante ici, encore plus qu’ailleurs. On vérifie au jour le jour si les conditions climatiques et d’enneigement permettent de faire les activités prévues (l’expression l’heure à l’heure serait même plus adaptée !). Ce jour-là, comme il y avait trop de glace dans la mer, nous avions prévu de contourner la difficulté en y allant en motoneige. Mais le jour J, le vent ayant emporté au loin les glaces, nous avons finalement pu y aller en bateau.

L’arrivée dans le petit village d’Oqaatsut a été fantastique, ç’a même été l’un de mes moments favoris ! La banquise était formée dans la baie et on apercevait le petit village coloré au loin pendant que notre bateau se faufilait parmi les blocs de glace. Et quelle ne fût pas notre surprise quand le bateau s’est amarré pour nous déposer directement… sur la glace ! C’était une sacrée expérience. On a ramené tous les bagages en pulka (luge d’expédition) jusqu’au refuge et on s’est installés. L’aventure continuait.

Bateau prit dans la glace du Groenland l'hiver

Bateau prit dans la glace du Groenland l’hiver, Oqaatsut. ©Elodie Roux

Oqaatsut, village typique groenlandais

Seule une trentaine d’habitants vit à Oqaatsut. Les maisons colorées apportent une jolie touche de gaieté dans cet univers blanc. Au loin, on apercevait des icebergs immenses. Les peaux de phoque qui séchaient devant les habitations cotoyaient les motoneiges. Ici modernité et tradition se mêlent.

Maison colorée de Oqaatsut ©Elodie Roux

Bed & Breakfast d’Oqaatsut ©Elodie Roux

Nous avons rapidement pris nos marques dans ce petit coin de paradis. Nous avons été invités à un kafemik, pause-café ou goûter traditionnel groenlandais, l’occasion de rencontrer des locaux et de découvrir leur manière de vivre. On trouve dans les maisons groenlandaises tout notre confort occidental : téléviseurs à écran plat, internet… mais il n’y a pas l’eau courante. Le matin nous allions donc chercher l’eau à la fontaine. Nous avions des toilettes sèches et pouvions prendre une douche à la salle communale du village.

Fontaine communale du village ©Elodie Roux

Fontaine communale du village ©Elodie Roux

Raid itinérant en raquettes à neige

Nous sommes partis le lendemain pour une belle randonnée en raquettes à neige sur les hauteurs du village, avec retour directement sur la banquise. Nous surplombions la baie de Disko et ses immenses icebergs. Une superbe journée pour se préparer à l’expédition des deux jours qui suivaient.

Le lendemain, c’était le grand départ. Nous avons préparés les pulkas (grandes luges que l’on tracte à l’aide d’un harnais porté aux hanches) avec tout le nécessaire pour deux jours. Une luge pour deux suffisait pour cette itinérance courte. Notre groupe est parti dormir dans un refuge chauffé, à une journée de marche du village.

Raid raquettes à neige au Groenland l'hiver

Raid raquettes à neige au Groenland l’hiver ©Elodie Roux

Vie paisible à Oqaatsut

A ce moment-là, je me suis désolidarisée du groupe pour rester deux jours de plus sur place avec une autre voyageuse. Nous avons assistés toutes les deux au départ puis sommes retournées profiter de la vie paisible d’Oqaatsut. Nous nous sommes détendues, avons randonné, cuisiné, fait le tour du village… Totale déconnexion avec le quotidien, pour se reconnecter à la vie simple et à la nature.

Les occasions de se ressourcer et de prendre le temps sont souvent rares dans nos vies bien remplies alors j’ai savouré cette parenthèse hors du temps (bon… depuis, j’ai connu le confinement, mais il faut dire qu’il n’avait pas la même saveur !).

J’ai observé la vie du village en sirotant un café. Deux petits sont sortis faire de la luge… je venais de voir la moitié des enfants du village ! La journée ils étudient à l’école du village, qui sert aussi d’église. Un peu plus tard dans l’après-midi, un homme est rentré chez lui en traîneau à chiens… il revenait certainement de sa journée de chasse.

Village de Oqaatsut ©Elodie Roux

Village de Oqaatsut ©Elodie Roux

Le vent s’est ensuite levé et notre groupe a différé son retour pour attendre que le vent retombe. Je savais qu’un autre groupe était en expédition sous tente à quelques dizaines de kilomètres de nous. Ils devaient bien s’amuser ! Le froid est moins mordant quand on retrouve la chaleur d’un poêle le soir.

Nos randonneurs sont rentrés de leur raid, fatigués mais ravis de cette aventure incroyable. Ils ont appris à gérer la préparation d’un raid itinérant, à étudier un itinéraire en tenant compte de la météo annoncée et à manœuvrer la pulka. Ils ont également et surtout découvert des paysages polaires sauvages : des lacs gelés, des rochers noirs, de la neige épaisse, de la banquise… Nous étions bien loin du grand blanc auquel s’attendaient certaines d’entre nous. Ici, les paysages sont variés.

L’Icefjord

Notre séjour à Oqaatsut s’est achevé et il était temps de repartir car il nous restait encore à découvrir le superbe fjord glacé d’Ilulissat. Nous sommes partis, raquettes aux pieds, randonner le long de ce site spectaculaire, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les icebergs s’accumulaient dans le fjord. Certains d’entre eux étaient hauts comme des cathédrales ! Nous avons profité du spectacle de ces géants glacés dans un froid vivifiant.

Le voyage touchait finalement à sa fin. ç’a été une inexpérience inoubliable, faite de belles rencontres, de paysages à couper le souffle, et d’activités variées pour découvrir le Groenland et ses multiples facettes. De beaux souvenirs que je ne suis pas prête d’oublier. »

Elodie Roux

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paysage glacé au Groenland

Paysage glacé de la Baie de Disko. ©Elodie Roux