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Montagnes et grand nord, différences et similitudes

Si vous avez déjà voyagé dans le grand Nord et randonné dans nos montagnes françaises, vous aurez peut-être noté quelques ressemblances entre ces deux univers bien particuliers. Températures froides, glaciers, adaptations de la faune et de la flore… Quand monter en altitude s’apparente à une micro-aventure arctique.

Paysage du grand nord au Svalbard

Paysage du grand nord au Svalbard ©Yannick Long

Montagne, quand l’altitude crée un tout autre univers

L’altitude, un mot que l’on connaît bien en montagne et qui désigne l’élévation verticale à partir d’un point par rapport au niveau de la mer, le point zéro. Pour monter en altitude, il faut donc prendre de la hauteur. Pour cela, pas besoin d’avion ou d’hélicoptère, une paire de chaussures de marche, des bâtons, des vêtements adaptés, et c’est parti pour une véritable aventure dans le monde de la montagne.

Altitude et dénivelé

A l’altitude s’associe la notion de dénivelé. Ainsi, si vous partez d’un point situé à 1 000 mètres d’altitude par exemple et que vous montez à 2 000 mètres, vous aurez ainsi gravi une pente de 1000 mètres de dénivelé. Ce qui représente un niveau physique certain, d’autant plus si la distance en kilomètres est courte ! Mais souvent, la vue au sommet vaut l’effort accompli. Si vous prêtez bien attention à l’environnement qui vous entoure, vous noterez que plus vous prenez de la hauteur, plus la végétation change, se raccourcit, se raréfie. La température baisse également et l’oxygène commence parfois à manquer.

Altitude et végétation

Depuis la plaine, il suffit de regarder une de nos montagnes pour voir qu’il se joue des phénomènes physiques suffisamment puissants pour créer au fur et à mesure de l’altitude, un véritable changement de décor.

Du pied de la montagne jusqu’à son sommet, nous observons : 

  • Jusqu’à 1000 mètres d’altitude : l’étage collinéen avec habitations, prés, champs, vergers, vignes, collines, forêts de feuillus (chênes, hêtres, érables, frênes…) ;
  • De 1000 à 1600 mètres d’altitude : l’étage montagnard avec ses forêts mixtes, mélange de feuillus et de résineux (pins, conifères, mélèzes…) ;
  • De 1600 à 2300 mètres d’altitude : l’étage subalpin avec sa forêt de résineux ;
  • De 2300 à 3000 mètres d’altitude : l’étage alpin où les arbres laissent place à une pelouse rase composée de différentes espèces végétales ;
  • Au-delà de 3000 mètres d’altitude : l’étage nival avec ses rochers, ses sols rocailleux, ses lichens et ses mousses rares.
Etages de végétation en montagne ©Pethrus

Etages de végétation en montagne ©Pethrus

En effet, plus on monte en altitude, plus les températures diminuent et les contraintes climatiques s’accentuent (pression atmosphérique diminuée, vents plus violents, oxygène raréfiée, etc.).

Altitude et température

Lorsque l’on monte en altitude, la température diminue progressivement. Dans les Alpes, chaque fois que l’on monte de 100 mètres, la température diminue de 0,6°C. Ainsi, à 1 000 mètres d’altitude, la température moyenne annuelle est de 6°C environ. On comprend bien qu’à 2 000 mètres, la vie peine à se développer… Cette chute des températures est liée à la diminution de la pression atmosphérique. L’air se dilate et donc se refroidit.

Avec des températures pouvant tomber très bas et des vents pouvant être parfois violents, on comprend que les arbres quittent le décor pour ne laisser place qu’à une végétation rase ayant développé quelques techniques ingénieuses pour lutter contre le froid

Paysage de montagne ©natagolubnycha

Paysage de montagne ©natagolubnycha

Altitude et faune de montagne

Dans les forêts de l’étage collinéen, on trouve une kyrielle de mammifères que l’on connaît bien : cerfs, blaireaux, lapins, renards et oiseaux en tout genre. Mais plus on monte, plus les animaux se font rares et présentent des caractéristiques propres au milieu. Dans les Alpes, on trouve en altitude bouquetins, chamois et marmottes, entre autres. Les aigles, vautours et gypaètes sont également de la partie côté ciel. Mais plus en haut encore, la vie a déserté.

Bouquetin dans les Alpes ©ueuaphoto

Bouquetin dans les Alpes ©ueuaphoto

Ainsi, on comprend comment une randonnée en montagne est chaque fois un petit voyage. En l’espace de quelques heures, les températures, la végétation, la faune et les paysages changent. On affronte les éléments, on se dépasse physiquement, on rencontre une biodiversité spécifique qui a sû s’adapter, et au sommet, on profite d’un panorama exceptionnel où l’horizon se dégage. Du côté de l’Arctique, c’est un voyage différent.

Arctique, quand la latitude crée le monde polaire

La latitude, à la différence de l’altitude, est une coordonnée géographique, représentant la position Nord-Sud, dont le point zéro est situé au niveau de l’équateur. Certains points de latitude marquent un tournant clé dans le paysage et les températures et ont obtenu un nom spécifique comme “le cercle polaire arctique” situé à 66 degrés de latitude Nord.

Au-delà de ce point, se trouve ce que l’on appelle “l’Arctique”. On y trouve la Laponie norvégienne, suédoise et finlandaise, l’extrême Nord de l’Islande, le Svalbard, la majeure partie du Groenland, le grand nord canadien et la Sibérie (entre autres).

Latitude et végétation

Plus on monte dans le Grand Nord, plus les températures refroidissent, le climat, la lumière et les paysages changent. On quitte les régions tempérées pour se diriger vers les zones polaires avec leurs paysages de toundra, de banquise, de glaciers et de fjords. La lumière y est également particulière dans ces régions froides avec des journées infinies l’été et le soleil de minuit, et de longues nuits polaires où la lumière laisse place à l’obscurité et aux aurores boréales. Des phénomènes lumineux propres à ces régions du Grand Nord que vous ne trouverez pas du haut des montagnes. 

Ainsi, plus vous montez en latitude, plus vous vous dirigez vers des paysages désertiques, où les arbres sont rampants et où ne subsiste qu’une végétation rase, ayant développé des techniques adaptées pour lutter contre les températures extrêmes et contre les tempêtes (formation en coussinets, poils sur la végétation, nanisme…). Une similitude avec l’étage alpin voire nival des Alpes. 

Voyage en randonnée dans le Grand Nord l'été

Sur les crêtes de Svéa au Spitzberg ©Ronan Benezech

Latitude et températures

Si la pression atmosphérique refroidit l’atmosphère en montagne, en Arctique, c’est la lumière du soleil qui régit les températures. Ainsi, quand on voyage dans le grand Nord, la température diminue car les rayons du soleil sont de plus en plus inclinés par rapport à la surface de la terre, la réchauffant de moins en moins. Un tout autre mécanisme.

Soleil de minuit au Groenland

Soleil de minuit au Groenland ©Grégory Noize Suarez

Latitude et faune polaire

Pourquoi ne trouve-t-on pas d’ours polaire ou de renards arctiques dans les Alpes ou dans les Pyrénées ?

Migration altitudinale

Si les animaux alpins se sont adaptés aux conditions montagnardes, ils ont malgré tout la possibilité, à l’arrivée de l’hiver, de descendre les étages de végétation afin de mieux se nourrir et de survivre au froid. Ainsi, chamois, bouquetins ou encor lièvre variable effectuent une petite migration altitudinale chaque début de saison hivernale. Du côté de la faune polaire, c’est différent. Dans ces lieux, pas de possibilité de descendre les étages pour trouver des arbustes à grignoter et gagner quelques degrés. Les animaux de ces lieux ont donc dû s’adapter au milieu rude et inhospitalier des terres du Nord pour survivre. 

Adaptation au milieu

Qu’ils soient en montagne ou en Arctique, les animaux du froid ont développé des adaptations physiques spécifiques pour lutter contre les températures négatives. La majorité se dote d’un manteau de fourrure plus épais et gagne en graisse. C’est notamment le cas pour les bouquetins, chamois et marmottes dans les montagnes, et pour les rennes, ours polaires et renards arctiques dans le grand nord. 

En Arctique, la faune sauvage se couvre généralement de blanc l’hiver, se fondant dans le décor… En Arctique, les hivers sont souvent plus longs, plus froids et surtout il existe la nuit polaire qui plonge le grand nord dans une obscurité quasi totale plusieurs semaines durant. La période est très rude pour les habitants de ces régions. On comprend alors comment certaines espèces ont développé des « super adaptations ». Les renards arctiques par exemple, se dotent d’une fourrure très isolante leur permettant d’affronter des températures pouvant chuter jusqu’à -50°C, ils sont également plus petits que les renards roux et ont des oreilles plus courtes. Être plus petit permet de perdre moins de chaleur et d’être plus résistant au vent ! C’est d’ailleurs pour cette raison que les rennes du Svalbard sont plus petits et plus trapus que leurs homologues scandinaves. 

Rennes du Svalbard ©Sylvain Guyon

Rennes du Svalbard ©Sylvain Guyon

Dans les super adaptations, nous trouvons également et surtout : l’ours polaire, symbole de l’Arctique, qui vit dans ce milieu en maître. Epaisse fourrure et couche de graisse, peau noire aux poils translucides pour capter un maximum de chaleur, il est totalement adapté au milieu polaire et notamment à la banquise dont il dépend. De son nom latin, ursus maritimus, l’ours polaire est considéré comme un mammifère marin qui se nourrit principalement de phoques. Une bonne raison pour ne pas le retrouver dans nos montagnes !

Ours polaire observé sur l'un de nos voyages au Svalbard ©Sébastien Roche

Ours polaire observé sur l’un de nos voyages au Svalbard ©Sébastien Roche

 

On voit bien ici les différences entre ces deux espaces distincts : milieu montagnard et polaire. Quelles sont alors les ressemblances entre l’altitude et la latitude, entre l’ascension d’une montagne et un voyage dans le Grand Nord ?

Les points communs entre altitude et latitude

Si vous randonnez en montagne et voyagez dans le Grand Nord, vous aurez peut-être noté quelques ressemblances entre ces deux univers.

Tout d’abord, la température. Plus on monte dans le Nord, plus la température moyenne diminue, de même pour l’altitude en montagne. Plus on monte en altitude, plus il fait froid. Ainsi, comme nous le disions plus au-dessus, on perd en moyenne 0,6°C tous les 100 mètres en altitude, et tous les 100 km en latitude en plaine en direction du pôle Nord. Ainsi, quelques heures de marche en montagne en direction du sommet équivaut à quelques heures d’avion en direction de l’Arctique !

La végétation ensuite. Si vous parcourez un pays scandinave comme la Norvège ou la Suède par exemple, vous observerez le long de votre périple du Sud au Nord, le changement progressif de végétation : 

  • Au sud, vous trouverez les forêts de feuillus correspondant à l’étage collinéen et montagnard,
  • Plus au Nord, près du cercle polaire, vous observerez la taïga, appelée aussi forêt boréale, correspondant aux étages subalpins de nos montagnes avec leurs forêts de résineux.
  • Enfin, en Laponie, au-delà de 66°Nord, vous marcherez sur les étendues de toundra qui s’apparentent dans nos montagnes à l’étage alpin et ses étendues rases.
Taïga Finlande

Taïga en Finlande ©Reinikka Matti

Vous pouvez retrouver certains éléments de paysages similaires tels que les glaciers, les moraines, les étendues froides désertiques et rocailleuses. Évidemment, nos glaciers alpins sont bien petits face aux géants du nord comme le glacier Vatnajokull en Islande (taille de la Corse) ou l’inlandsis groenlandais (deuxième calotte polaire après celle de l’Antarctique), mais pas moins magnifiques ! 

blonstrandbreen glacier du svalbard dans le grand nord

Blomstrandbreen, glacier du Svalbard ©Yannick Long

Les reliques glaciaires

Certaines espèces animales sont appelées « espèces reliques ». Elles sont issues de temps ancien, souvent endémiques d’une région. Ces populations ont survécu dans des zones ayant subi des modifications importantes, modifiant leurs conditions de vie. Isolés, ces populations reliques ont dû développer des adaptations pour survivre. Ces modifications sont de type : glaciations, destruction d’habitats, chasse…

Parmi les populations reliques que l’on rencontre aussi bien en montagne qu’en Arctique, on peut citer : 

  • Le lagopède alpin que vous pouvez observez au Spitzberg, seul oiseau y résidant toute l’année ;
  • Le tétras-lyre, que vous retrouvez également en Laponie ;
  • Le lièvre variable dans nos montagnes, très proches du lièvre arctique que l’on peut observer au Groenland notamment.
Lagopède alpin

Lagopède alpin au Svalbard ©Yannick Long

D’autres espèces sont similaires mais présentes des adaptations notoires entre Europe et Arctique : 

  • Le grand corbeau que vous pourrez voir en Islande ;
  • L’ours polaire dans le Grand Nord, brun dans nos contrées plus tempérées ;
  • Le loup arctique au Groenland et au Canada, et gris chez nous ;
  • Le renard polaire en Arctique et roux dans nos régions.
  • L’aigle royal en montagne, le pygargue à queue blanche en Norvège ;
  • etc.

Côté flore, si vous savez reconnaître la flore de nos Alpes, vous ne serez pas surpris de retrouver dans les terres polaires :

  • La linaigrette dans les zones de tourbières ;
  • L’épilobe en Norvège et l’épilobe arctique au Groenland ;
  • La saxiphrage à feuilles opposées au Spitzberg ;
  • La silène acaule en Islande ;
  • Et bien d’autres ! 
Saxiphrage à feuilles opposées ©Sébastien Roche

Saxiphrage à feuilles opposées ©Sébastien Roche

Bien sûr, certaines espèces seront différentes. Vous trouverez ainsi des épilobes de Fleisher en montagne et des épilobes arctiques au Groenland. 

 

Vous l’avez compris, le grand nord et la montagne sont deux espaces distincts qui possèdent chacun leurs caractéristiques propres difficilement comparables sur de nombreux aspects. Mais sur d’autres plans, ce sont deux mondes similaires qui offrent émerveillement, dépaysement, et demandent souvent un dépassement de soi. Deux mondes du froid où se côtoient neige et glace. Deux écrins de biodiversités uniques forçant respect et admiration sur leurs techniques de survie et leur résilience face aux conditions difficiles. Deux espaces puissants où l’on se sent petit. Deux milieux où l’on arrive encore à se sentir loin du monde et de son agitation, où l’on peut se recentrer et déconnecter réellement, sans aucun réseau. Mais aussi deux espaces vulnérables et fragilisés par le changement climatique. Prêt(e) pour l’aventure ?

Pour vous préparer à nos expéditions dans le grand Nord, nous proposons un stage de préparation sur les hauts plateaux du Vercors. Cet endroit est effectivement parfait pour simuler les conditions du grand nord : hauts plateaux ventés, températures très froides, reliefs vallonnés comme dans les plaines arctiques.

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