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Raid en ski pulka au Groenland à la fin de l’hiver

Quentin, Chef de base et Guide Groenland revient sur son aventure en raid à ski pulka en Baie de Disko. A la fin de l’hiver, plongez dans un univers de neige et de glace à perte de vue !

Photo de Quentin

Une île de rêve !

Partir en vacances au dessus du cercle polaire provoque souvent son lot d’incompréhensions de la part de ses proches et de ses collègues de travail. Mais partir au dessus du cercle polaire en période hivernale pour aller effectuer une expédition sous tente à proximité des glaciers et de la banquise peut parfois être pris pour une crise de démence.
Pourtant, ce désir existe logiquement et c’est avec bonheur que chez 66°Nord, nous y répondons chaque année dès que les hautes latitudes retrouvent le soleil.

Photo fjord de glace

Le récit de Quentin, chef de base Groenland 66°Nord

En Mars dernier, c’est donc avec un immense plaisir que j’ai pu accueillir un groupe de 7 personnes à l’aéroport d’Ilulissat pour une aventure de 2 semaines en itinérance et en autonomie dans le secteur de la baie de Disko. A peine dissipée l’émotion du survol de la calotte polaire pendant une bonne partie du vol, ponctué par l’atterrissage spectaculaire sur la piste d’Ilulissat, qui ressemble plus à une patinoire qu’à un aérodrome, nous faisons route vers le village où les immenses icebergs nous font une haie d’honneur.

Photo d'icebergs

La préparation

Les premières heures permettent de découvrir la ville de 3500 habitants, de préparer les affaires pour le raid et notamment la nourriture, chacun découvre ainsi avec plus ou moins d’enthousiasme les paquets de nouilles chinoises, de thé, de pain d’épice et autres mets plus ou moins gourmets mais au combien caloriques qui seront nos compagnons de voyage pour le raid à venir. Je leur rappelle l’intérêt des calories pour effectuer cette aventure tout en leur conseillant d’arrêter ce régime une fois rentrés à la maison sous peine de conflits avec leurs diététiciens, ou pire avec leurs pantalons!

Une aventure humaine

Les compagnons de voyage justement, nous apprenons à nous connaitre au fur et à mesure que nous préparons nos affaires dans une ambiance conviviale. Certains accents ne trompent pas sur l’origine des participants, pas de doutes, ça chante le sud et l’accent belge au Groenland! Ce ne sont pas forcément de grands skieurs mais pour beaucoup, ce n’est pas une première en raid itinérant. Ils sont nombreux à déjà être passé par la case Spitzberg, c’est là qu’ils ont pris le virus, envoûtés par les lumières et les ambiances que seul l’arctique au retour du soleil est capable d’offrir.

Photo de groupe

Seul « into the wild »

D’autres s’étaient promis de ne plus jamais faire ce genre d’aventure, jusqu’à ce qu’ils rentrent chez eux en aspirant qu’à repartir pour retrouver cet inconfort où on se contente de l’essentiel: être au milieu de la nature.
Nous partons le lendemain sous un soleil radieux, on met nos skis aux pieds, on enfile nos harnais, on s’attache à la pulka et voilà le petit groupe qui s’élance à travers Ilulissat le nez au vent, comme une horde de chiens de traîneau impatiente d’en découdre avec cette banquise qui nous attend au loin.

voyage-groenland-depart-shi---©ThibaultFremont-min

Photo de skieurs

Une expérience de vie

Le reste du séjour ne se raconte pas, il se vit, chaque séjour apporte son lot de surprises et d’imprévus. Le groupe se soude progressivement, l’effort et les moments partagés sous la tente sont le liant de cette relation avec nos compagnons de voyage. Le ciel bleu nous accompagne une grande partie du séjour et on a peu de vent, c’est un des avantages de la côte ouest du Groenland. Les températures ont logiquement été fraîches mais le matériel fourni et les soirées dans la tente mess près du réchaud nous ont permit d’affronter les -20 à -25°C sans trop sourciller. Les sourcils étant gelés, cela aurait été compliqué de toute manière… Aussi invraisemblable que ça puisse paraître au moment où vous lisez ces lignes, installés près de votre radiateur, la tente à ces températures, se révèle être un véritable nid douillet.

Photo du camp

La progression

Les traversées de massifs pour rejoindre la banquise nous ont éprouvés mais les paysages ont récompensé nos efforts.
Nous dominons les fjords et l’inlandsis et chaque soir nous permet d’observer le spectacle féerique des aurores boréales que les groenlandais appellent aqsarniit, facile et concis pour une fois le groenlandais!

Photo aurore boreale

La Banquise… l’émotion

L’arrivée sur la banquise dans la neige fraîche au pied des glaciers est un moment d’intense émotion. Nous sommes seuls au monde dans un océan de glace. Au loin, les chasseurs groenlandais filent poser leurs lignes de pêche sur leurs véhicules à patins dont la puissance ne se compte pas en chevaux mais en chiens ici. Il y a de la cylindré sur ces traîneaux et les voir évoluer est un régal pour les yeux.

Nous atteignons le front glaciaire bleuté dans une ambiance feutré par la neige qui tombe puis grimpons sur la plus grande réserve de glace de l’hémisphère nord le temps d’une journée pour approcher les crevasses puis la zone plane qui marque le début du plateau glaciaire. Quelques centaines de kilomètres plus à l’est, la glace se ponctue, d’autres petits villages groenlandais peuplent les fjords, c’est la côte est, c’est un autre Groenland, l’occasion d’un autre voyage!

Photo d'un glacier

Un voyage unique et son lot de souvenirs

Notre voyage se termine le long de la baie de Disko, sentiment incroyable que de skier à proximité de la mer libre et des icebergs avant de retrouver Ilulissat et les bruits, non pas de la ville, mais des chiens qui occupent ses alentours!
C’est donc des souvenirs pleins la tête que nous terminons ce voyage accompagné au Groenland. Libérés de notre pulka et de nos skis, nous vadrouillons une dernière fois au milieu des maisons colorées dominant la baie avant de quitter cette terre de glace pour retourner sur le Vieux Continent. La réadaptation est parfois longue mais les nouilles chinoises seront toujours là pour nous rappeler au bon souvenir du Groenland en cas de rechute. Et si l’envie est trop forte, vous pouvez toujours réserver à nouveau votre prochain voyage avec 66°Nord!

voyage-groenland-front-glacier--©ThibaultFremont-min

Quentin, chef de base Groenland 66°Nord

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(Un grand merci à Thibault Fremont pour ses photos et à Harold Ousset pour  son immersion à 360!)