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Le Svalbard ou la cohabitation (presque) parfaite entre l’homme et l’animal

Lorsque je suis arrivée chez 66°Nord, tout juste sortie de ma Finlande profonde, j’appréhendais l’une de nos destinations phares : le Svalbard. Mais un jour, c’était à mon tour d’y aller. Je vous raconte.

De gauche à droite, Ludovic, guide 66°Nord, Emmanuelle (moi) conseillère spécialiste 66°Nord et Yannick Long, guide 66°Nord ©Guy Masson

De gauche à droite, Ludovic, guide 66°Nord, Emmanuelle (moi) conseillère spécialiste 66°Nord et Yannick Long, guide 66°Nord ©Guy Masson

Un jour, je reçois un e-mail d’Aurélie, notre responsable commerciale : « Manue, ce serait bien que tu partes sur un voyage au Svalbard ». Car comme on dit chez 66°Nord

On ne parle bien que de ce que l’on connaît !

Alors nous partons tous sur le terrain au moins une fois par an. 

Je reçois le mail d’Aurélie. Ha. Bon. Crainte. Joie. Excitation. Appréhension. Ok ! Je me lance.

La peur de l’ours blanc

Je n’envisageais pas le Svalbard comme les autres destinations. La présence de l’ours m’inquiétait réellement. J’avais des peurs totalement irrationnelles : « mais imagine ! Je suis dans mon kayak et là, y a un ours qui nage et il retourne mon kayak, exprès ! Il me tire par les bras et il m’emmène au fond de l’eau. Plus de Manue ! ».

Personne ne pensait à ça, bien sûr, car personne ne suppose que les ours polaires ont des talents de sirènes. Je réalise à présent le ridicule (ou le génie, ça dépend où l’on se situe) de mes scénarios. Parce qu’il y en a eu plusieurs. Je ne les ai pas tous partagés, par pudeur.

Maintenant que j’ai passé 10 jours là-haut, tout là-haut, à 78 degré nord, et que je suis revenue entière et ravie, je m’en veux un peu d’avoir réduit tout le Svalbard à l’ours polaire. Il est possible de passer un peu de temps sur son territoire dans un respect mutuel et cela, je ne le soupçonnais pas.

J’avoue avoir prié tellement fort le dieu des ours bruns/blancs/noirs de ne pas rencontrer Nounours, que je ne l’ai pas vu. Personne ne l’a vu. Je n’ai pas osé dire au groupe que c’était probablement ma faute. Je fais vachement bien les prières.

Traces d'un ours polaire au Svalbard ©Amélie Désiré

Traces d’un ours polaire au Svalbard ©Amélie Désiré

Nous étions un peu déçus de ne pas l’avoir aperçu, certes, mais comment se focaliser sur un maître des lieux absent lorsque le reste de la faune foisonne ?

La faune foisonnante du Svalbard

Bouleversée. Le mot n’est pas trop fort pour décrire mon état face à toutes ces créatures curieuses, presque candides, qui n’ont pas peur de l’Homme. Rien n’est plus délicieux que de réaliser que nous ne sommes pas perçus comme des prédateurs sur tout le globe. Au Svalbard, cette cohabitation pacifique instaure alors, un rapport sain et serein entre humains et animaux. Ouf ! On a croisé :

  • Une baleine bleue,
  • des compagnies de bélugas,
  • un phoque barbu,
  • des rennes,
  • des oiseaux dans tous les sens (sternes, oies sauvages, fulmars, bécasseaux, goélands, labbes à longue queue, lagopèdes…),
  • des renards polaires,
  • des méduses orange,
  • tout ça, tout ça…

Mention spéciale pour les phoques, les sternes et les renards polaires : HARDIS !

Rennes du Svalbard ©Guy Masson, voyageur 66°Nord

Rennes du Svalbard ©Guy Masson, voyageur 66°Nord

Les phoques, une tendance au voyeurisme

J’ignorais que les phoques avaient des tendances au voyeurisme jusqu’à nous suivre aux « toilettes » et à nous observer. Tranquillement. Le museau immergé, les yeux vifs. Ces petits curieux n’ont absolument aucun complexe à nous épier pendant cet acte, somme toute assez intime, qu’est de faire ses besoins. Je vous l’ai dit, hardis !

Phoque annelé au pied du glacier ©Amélie Désiré

Phoque annelé au pied du glacier ©Amélie Désiré

Les sternes arctiques, les oiseaux vénères

Les sternes. Alors là. Nous sommes face à l’oiseau le plus vénère (!) de toute l’histoire de l’ornithologie. La sterne n’a pas le temps. Elle a beaucoup de trucs à faire, des tas de trucs sur le feu. Elle est dans le jus en permanence, impatiente. Son vol est nerveux, comme ses cris. Son vol est précis, inquiétant presque, sans équivoque. Et quand elle ne hurle pas en planant dans la tourmente, elle se pose sur un piquet, le regard lointain… à côté des toilettes, elle aussi.

Ils ont une notion bien à eux de l’intimité, nos chers amis.

Sterne arctique, Svalbard ©Yannick Long, guide 66°Nord

Sterne arctique, Svalbard ©Yannick Long, guide 66°Nord

les renards polaires, les petits effrontés

Les renards polaires. Effrontés. Leur réputation de chapardeurs n’est pas un fantasme universel mais bel et bien une réalité. Leur connexion-neurones face à l’hostilité du territoire a raison de nous, simples humains. Toujours une longueur d’avance pour piquer des cookies ou essayer de pénétrer dans la tente mess. Des tours de garde pour surveiller l’ours polaire ? L’ours polaire quitterait définitivement le Svalbard qu’il faudrait tout de même des tours de garde pour lutter contre la ruse débordante des renards polaires.

Renard polaire au Svalbard ©Guy Masson, voyageur 66°Nord

Renard polaire au Svalbard ©Guy Masson, voyageur 66°Nord

Je vous dresse les portraits de ces petits sacripants :

  • Un petit noir aux yeux orange et à la malice affichée, qui court plus vite qu’un bécasseau sur une plage (d’ailleurs, à part courir de toutes ses minuscules pattes taillées dans une queue de cerise, il fait quoi de ses journées, celui-là ?), et qui me défie outrageusement à chaque tentative de vol. Il m’a semblé l’entendre crier ‘nananananèèreuuh » en s’en allant dans la toundra tandis que je le pourchassais, essoufflée dans mon énorme manteau trempé par la pluie.
  • Un petit blanc et argent, plus timide, qui fermait les yeux en s’approchant de la tente mess. Sans doute pensait-il que s’il fermait les yeux, je ne le verrais pas ! Et dès lors qu’il essayait d’un mouvement volontaire, d’entrer dans la tente, je le chassais sans bouger d’un simple « Nan ! ». Il partait, penaud, jamais loin, pour tenter sa chance, encore et encore. Et encore. Je croyais l’entendre se dire à lui-même « elle pourrait me laisser passer quand même« .

Le Spitzberg ou la cohabitation (presque) parfaite entre l’homme et l’animal.

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