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Voyage à Grolles-Enland

Comme chaque année, avec le retour des beaux jours, ma jumelle et moi retrouvons avec bonheur les sentiers. Terrains de jeu privilégiés pour nous, nous ne épanouissons que dans les prairies fleuries, les bords de rivière caillouteux et les pierriers d’altitude. Cette année, nous allons traîner nos guêtres dans l’une des zones les plus isolées de la planète, un territoire mythique où notre endurance sera mise à rude épreuve, puisque nous partons à l’Est du Groenland.

Nos voisines pantoufles nous demandent régulièrement pourquoi un tel périple. Pourquoi aller si loin du confort du canapé ? Nous leur répondons qu’elles sont à côté de leurs pompes et que nous partons pour y chercher l’aventure, celle qui nous conduira loin de ce placard où nous patientons dans le noir durant une partie de l’année. Le Groenland, c’est le dépaysement nordique assuré. Pas d’infrastructures, nos propriétaires humains ne peuvent donc compter que sur nous, fidèle paire de chaussures, pour découvrir ce territoire sauvage.

En trek dans l’Est sauvage

Nous évoluons en pleine nature sur des terres que peu d’autres grolles ont foulé, au milieu des champs d’épilobes cernés de pics effilés, des moraines chaotiques donnant sur des fronts glaciaires, des roches colorées du bord de fjords avec les icebergs en toile de fond…

Trek dans l'Est du Groenland ©Visit Greenland

Trek dans l’Est du Groenland ©Visit Greenland

Au cours de ce trek, nos pas nous amènent à franchir le cercle polaire arctique : 66e degré nord. Au-delà, nos semelles pénètrent dans les terres mythiques du fjord du Sermilik avec ses immenses icebergs et le souvenir des hivernages passés de Paul Emile Victor.

Iceberg géant sur la côte Est du Groenland ©Arnaud Poupounot

Iceberg géant sur la côte Est du Groenland ©Arnaud Poupounot

Quand nous sommes bloqués, nous traversons des rivières de fonte sur le dos de nos colocataires humains ou sautons à bord d’un bateau pour nous rapprocher des fronts glaciaires. Le soir venu, pour éviter le coup de pompe, nous récupérons de nos efforts au pied de la tente, face aux icebergs avec le chant des baleines pour minuteur de notre temps de repos.

Camp au Groenland face aux icebergs ©Yannick Briand

Camp au Groenland face aux icebergs ©Yannick Briand

Parfois, en fin d’été, les aurores boréales viennent illuminer nos nuits pour marquer à jamais notre cuir de cette douce lumière verte… Le réveil peut être parfois brutal, les renards polaires ayant la mauvaise habitude de trouver nos lacets à leur goût.

La fin du trek nous permet de nous décontracter en slalomant entre les maisons colorées des villages traditionnels groenlandais. Nous y avons un pied à terre pour quelques jours. Nous butons parfois sur des chiens, eux même ne lâchant pas d’une semelle les phoques chassés le jour-même par leurs maîtres inuits. Les jours de fête, nous découvrons avec une certaine jalousie les Kamik, nos cousines groenlandaises, superbes bottes de cuir ornées de perles qui sortent pour les cérémonies.

La boucle est bouclée, un saut de puce en avion nous permet de fouler les terres volcaniques de l’Islande avant de retrouver notre placard à chaussures. Nous ramenons des marques indélébiles de ce voyage où on a clairement pris notre pied !

Découvrir l’Est sauvage en trek