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Mon voyage aventure dans le haut Arctique

Passionné par le Grand Nord depuis ses voyages en Norvège et en Finlande, Sylvain rêve de découvrir le haut Arctique. Développeur lyonnais la semaine, randonneur isérois-savoyard le week-end, et surtout passionné des terres polaires, Sylvain se lance et s’inscrit sur l’un de nos voyages au Svalbard, territoire de l’ours polaire. Récit de son aventure polaire, à 78°Nord, aux portes du Pôle Nord.

Voyage au Spitzberg l'hiver

Expédition au Spitzberg ©Sylvain Guyon

« Il est plus de minuit lorsque notre avion arrive enfin à Longyearbyen, la petite capitale de l’archipel du Svalbard. Robin, notre guide 66°Nord, nous accueille avec Erica, accompagnatrice spécialiste de la Norvège en formation.

Il est tard, Il est temps de rejoindre nos chambres respectives. Nous ne nous attardons pas. Les paupières sont lourdes, les traits sont tirés. Un peu de repos nous fera le plus grand bien ! Je suis partagé entre l’excitation d’être sur le point de vivre une expérience incroyable, et l’appréhension de me dire que le lendemain, je dormirai sous une tente, dans le haut Arctique, en hiver. Oui. Rien que ça ! Alors cette dernière nuit au chaud, il va falloir la savourer !

Alerte Tempête dans le Grand Nord

Le lendemain, lors du briefing matinal, Robin nous informe que la tempête annoncée la veille a été confirmée. Notre avion était le dernier à atterrir à Longyearbyen avant que tous les suivants ne soient annulés. Une accalmie est annoncée pour le lendemain, mais la tempête fera son retour le jour suivant. Le plan est donc le suivant :

  • Journée en ville pour se familiariser avec l’équipement
  • Départ le lendemain pendant l’accalmie
  • Montage rapide d’un camp robuste pour nous protéger avant l’arrivée de la tempête

Eh beh ! Sacré programme pour une première dans l’Arctique ! Je me rassure rapidement. Après tout, si je suis venu ici, c’est aussi pour me surpasser et sortir de ma zone de confort. Et puis vivre une tempête, sous une tente, dans l’Arctique, ça doit quand même être une sacrée expérience à vivre !

Nous passons notre journée à tester le matériel, comprendre son fonctionnement, faire l’inventaire du contenu des traîneaux… Cela nous a permis de nous laisser le temps d’atterrir sur cette étrange planète qu’est le Svalbard.

Le soir, nous écoutons les consignes de sécurité, notamment par rapport à l’ours polaire. Car oui, au Spitzberg, nous sommes sur son territoire. Il y a même plus d’ours blancs sur l’archipel que d’êtres humains ! Nous apprenons donc les différents protocoles à respecter en cas de rencontre avec l’animal, comme l’organisation de tours de garde pendant la nuit, afin de lui montrer qu’il y a de l’activité sur le camp. Oui, il est curieux, mais méfiant. 

Longyeabyen, ville du Svalbard

Longyearbyen, ville du Spitzberg ©Sylvain Guyon

Il est l’heure d’aller se coucher. L’autre avantage de cette tempête, c’est que nous aurons pu passer une nuit supplémentaire au chaud, histoire de bien récupérer avant le départ de l’expédition polaire.

Jour J, départ pour l’expédition polaire

Nous sommes tous prêts. Nous chargeons le matériel dans la chenillette. Une sorte de camion à chenilles qui nous déposera loin de la ville, dans les montagnes, pour que notre aventure commence réellement. Je commence à me détendre. Quand on est dans l’action, pas le temps de penser ! Les choses paraissent tout de suite beaucoup moins insurmontables.

Chenillette au Spitzberg

Chargement de la chenillette au Spitzberg ©Sylvain Guyon

Au passage, nous récupérons Tiger et Lotte, deux compagnons à quatre pattes qui nous aideront à tirer les pulkas et à nous donner l’alerte en cas de présence d’un ours polaire.

Au bout d’une grosse heure de trajet, nous arrivons à Kreklingpasset, notre destination. Nous déchargeons nos pulkas de la remorque. La chenillette repart. Nous sommes seuls au milieu de nulle part. Ça y est ! Cette fois-ci, on y est !

Montage du camp, seul au milieu du grand blanc

Le paysage autour de nous est déjà à couper le souffle. J’ai l’impression d’être sur une autre planète. L’éclairage est magnifique. Le soleil, qui peine à transpercer les nuages, nous offre une parhélie, une sorte d’immense halo de lumière qui l’entoure. Eh oui ! Il n’y a pas que les aurores boréales comme phénomènes lumineux spectaculaires dans le Grand Nord !

Parhélie au Svalbard ©Sylvain Guyon

Parhélie au Svalbard ©Sylvain Guyon

Au loin, deux rennes sont en train de chercher leur nourriture sous l’épaisse neige. Etant venu ici en partie pour faire de la photo, je ne peux m’empêcher de dégainer mon appareil avec mon téléobjectif avant que Robin ne me ramène à la réalité : “Allez, des rennes on en verra d’autres, ! On doit aller monter ce camp avant la tempête”. Effectivement, nous en verrons d’autres. Les rennes ici ne sont pas les mêmes que sur le continent. Mais nous y reviendrons.

Nous partons donc, raquettes à neige aux pieds et pulka aux hanches en direction du glacier Olivierbreen. Les paysages sont superbes. D’un côté, il y a la chaude lumière du soleil tamisée par une fine couche brumeuse, de l’autre, d’épais nuages d’un bleu très sombre, très profond, annonciateurs de la tempête qui arrive.

La tempête se prépare, le ciel s'assombrit ©Sylvain Guyon

La tempête se prépare, le ciel s’assombrit ©Sylvain Guyon

Robin nous a trouvé un emplacement parfait pour planter le camp : un grand espace à peu près plat et en partie protégé par le relief. Nous nous lançons dans le montage des tentes. Il y a les tentes pour dormir et il y a la tente mess, dans laquelle nous allons nous réunir puis manger. Notre quartier général en quelque sorte.

Notre objectif du jour est atteint : nous avons monté un solide camp avant l’arrivée de la tempête. Il est temps de nous réunir dans la tente mess pour dîner et discuter de l’organisation de la nuit qui s’annonce très particulière… La probabilité qu’un ours apparaisse est très faible, mais pas nulle. Nous devrons donc maintenir les tours de garde malgré les éléments en cours. Robin nous explique « Les chiens sont là pour nous prévenir de la présence d’un ours« , hasard ou pas, Tiger se met à aboyer pile à ce moment-là. On se fige… Heureusement, fausse alerte ! 

Notre camp hivernal

Notre camp hivernal ©Sylvain Guyon

Mon premier tour de garde, dans la tempête

Plus le temps avance, plus nous sentons la tente bouger sous les effets du vent qui se renforce. Mon tour de garde est en plein milieu de la nuit. Les sons des pas du premier tour de garde dehors m’empêchent de fermer les yeux. Puis je finis par comprendre que tant que je les entends, c’est que tout va bien. Alors je m’assoupis, plus serein.

Ben c’est pas facile ! On ne voit rien à part des points blancs qui nous foncent dessus !”, c’est comme ça que ma camarade me passe le relai. En temps normal, nous devrions faire des gardes de deux heures à deux. Là, notre guide a préféré modifier le fonctionnement. Nous sommes deux, mais un seul veille sur le camp pendant une heure. L’autre l’attend à l’abri sous la tente, pour lui servir de l’eau chaude, et lui tenir compagnie quand il vient s’abriter quelques minutes. Au bout d’une heure, on inverse les rôles.

C’est à moi de jouer cette fois-ci ! Je comprends réellement l’ampleur de la tempête polaire qu’après avoir passé la porte de la tente. Effectivement, on ne voit rien. La visibilité est réduite à quelques mètres seulement. Tout autour, les flocons filent à toute vitesse. Me voilà lancé dans mon tour de garde. Je suis les traces laissées par mes prédécesseurs qui n’ont pas encore été effacées par les éléments qui se déchainent. Je me permets un petit écart vers l’endroit où nous avons stocké nos pulkas (grandes luges d’expédition). Grave erreur ! En me retournant, je ne vois même plus les tentes. Demi-tour ! Vite ! Avant que mes traces ne disparaissent et que je me perde.

Dans le faisceau de ma lampe, une immense masse ronde, blanche, de la taille d’un ours polaire, apparaît. Mon cerveau, un peu trop sur le qui-vive, met quelques secondes avant de m’informer qu’il s’agit simplement d’un rocher. Ce n’est pas vraiment le moment de me faire des coups comme ça ! Ma garde dure une heure. Je fais le tour du camp en faisant de grands mouvements avec le faisceau de la torche pour signaler notre présence à d’éventuels ours blancs. J’enlève aussi un peu de neige avec la pelle sur les tentes qui s’affaissent sous son poids. Au final, le temps passe relativement vite. Quelle expérience ! Je pars finir ma nuit sereinement, au chaud dans mon sac de couchage.

 

La journée suivante est plus calme mais le vent est toujours là. Nous essuyons les restes de la tempête, mais nous ne quittons pas le camp. Nous faisons seulement quelques petites sorties dans les environs. J’en profite pour tourner un peu dans le camp avec mon appareil photo à la main et ramener tout un tas de souvenirs. Je vais aussi faire connaissance avec nos deux compagnons huskies, Lotte et Tiger. Au fil de la journée, le vent se calme. Les nuages commencent à s’ouvrir à l’Ouest, laissant entrer quelques rayons et couleurs offerts par le soleil rasant. Un renne nous rend visite au loin.

Husky au Spitzberg

Avec Tiger, l’un de nos huskies au Spitzberg ©Sylvain Guyon

Lumières rasantes du soleil sur les tentes au Svalbard

Lumières rasantes du soleil sur notre camp ©Sylvain Guyon

Le lendemain la journée s’annonce très belle. Nous partirons à l’aube. Mon tour de garde tombe en premier cette fois-ci. Je vais donc pouvoir faire une nuit sans coupure.

Après la tempête, le beau temps !

Nous nous sommes levés aux aurores, sous un ciel complètement dégagé, qui se remplira bientôt de couleurs pastelles au fur et à mesure que le soleil se rapprochera de l’horizon. A une latitude si élevée, croyez-moi qu’il prend son temps pour se lever. Nous garderons donc un ciel rosé et légèrement bleuté pendant un long moment, ce qui n’est pas pour nous déplaire !

Randonnée raquettes au Svalbard dans l'Arctique

Départ pour une journée raquettes sous un ciel pastel ©Sylvain Guyon

Photo du groupe au Svalbard l'hiver

Photo de groupe sous le ciel bleu ©Sylvain Guyon

Nous avons chargé quelques pulkas du matériel minimum pour assurer notre sécurité sans trop s’alourdir, puis partons en randonnée raquettes jusqu’au col de Flowerskaret. De là, nous observons l’embouchure du Tempelfjord au loin. Une fois nos yeux et nos appareils photos remplis de belles images, nous redescendons au camp pour manger. Puis nous entamons la deuxième partie de cette longue journée : tout replier pour s’installer ailleurs.

Paysage du Svalbard

Embouchure du Tempelfjord ©Sylvain Guyon

Nous marchons une bonne partie de l’après-midi devant un soleil magnifique, orné d’un grand halo. Puis, en fin de journée, nous plantons notre nouveau campement dans la vallée de De Geerdalen. La vue est très ouverte, c’est grandiose. Au loin nous voyons plusieurs petits groupes de rennes qui cherchent leur nourriture. La journée a été éprouvante, nous sommes heureux de rejoindre nos sacs de couchage.

Jour Blanc

Le lendemain, lorsque nous sommes levés, le temps a radicalement changé : Jour blanc ! Tout est feutré, calme, immobile. La visibilité est extrêmement réduite, presque nulle. Nous n’irons pas bien loin aujourd’hui, rien ne sert de se presser. Nous prenons le temps de profiter de cette ambiance reposante et observons des rennes. Erica en profite pour nous donner plein d’informations sur cette espèce endémique du Svalbard. Ils sont plus petits, plus trapus, plus poilus, en un mot, mieux adaptés aux rudes conditions qui règnent dans le haut Arctique que le renne de Scandinavie.

En fin de matinée nous partons en balade. L’atmosphère est très particulière. On ne voit rien. Tout est blanc. Il n’y a même pas de ligne d’horizon. On perd tous nos repères spatio-temporels, au point d’avoir parfois des déséquilibres. C’est très spécial, mais ça me plait ! Puis, soudain, au milieu de cet immense manteau blanc, apparaissent trois points noirs au loin sur notre chemin. Des rennes. Leur chemin croise le nôtre. Nous restons de longues minutes à nous observer mutuellement, avec beaucoup de curiosité de part et d’autre.

Rennes du Svalbard

Rennes du Svalbard ©Sylvain Guyon

Le ciel s’ouvre au moment où nous rentrons au camp, nous offrant de belles couleurs pour notre dernière soirée sur le terrain. Le lendemain, nous nous lèverons tôt pour tout replier et rejoindre la chenillette. Nous sommes tous un peu tristes que le voyage se termine. Mais nous sommes aussi heureux de pouvoir rentrer au chaud, prendre une douche et faire une bonne sieste sans se soucier d’avoir à faire des tours de garde.

Grotte de glace et retour

Nous passons le reste de la journée à aider notre guide Robin à ranger le matériel d’expédition, puis nous flânons à Longyearbyen, la ville la plus au Nord du monde, pour acheter des souvenirs et visiter les musées polaires. Pour notre dernier jour au Svalbard, Robin nous propose de nous emmener visiter une grotte de glace, un petit peu au-dessus de la ville. C’est une belle découverte, avec tout un tas de motifs et de structures différents formés par la glace. Le soir, nous mangeons des spécialités locales au restaurant avant de nous diriger vers l’aéroport. Il est l’heure de quitter ce lieu unique, les yeux pleins d’étoiles, les cartes mémoires bien remplies, mais aussi les jambes bien épuisées !

Grotte de glace au Spitzberg

Grotte de glace au Spitzberg ©Sylvain Guyon

A peine le pied posé en France, j’ai déjà envie de faire demi-tour et d’y retourner… Ça doit donc être ça cette addiction à l’Arctique dont on m’avait parlé avant de partir !

 

Bref. J’ai vécu une tempête sous une tente dans l’Arctique et une aventure polaire unique ! »

 

Retrouvez toutes les aventures polaires de Sylvain sur son blog et ses belles photos polaires (et pas que !) sur son compte Instagram !

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