Voyage au Groenland : soleil de minuit, baleines et icebergs

En juin dernier, Laurine, notre conseillère voyage grand Nord a décollé pour rejoindre le Groenland, direction la côte Est sauvage. Téléphones coupés, seul le téléphone GPS du guide leur permettait de communiquer avec le monde extérieur. Vie sauvage, baleines, soleil de minuit et glace, un voyage en Arctique unique. Elle raconte.

« 1er juillet, l’avion a atterri sur une piste en gravier. Quelques 50 voyageurs dont des locaux sont descendus de l’avion. Voilà, nous y étions. Notre guide, Pierre, nous attendait. Nous avons récupéré nos sacs et rejoint le bateau qui allait nous mener jusqu’à notre premier campement. Nous étions là, yeux grands ouverts, prêts à découvrir ce paysage de pierre, de glace, de mer.

Place à la sécurité avant le départ en bateau

Nous avons commencé avec le briefing complet de notre guide Pierre : « profitons mais ne négligeons pas un aspect primordial : nous sommes sur un territoire où l’ours est présent ». Cette éventualité de rencontre a impacté toute l’organisation du campement mais aussi nos randonnées puisque nous devions rester groupés, le sifflet autour du cou. Les tours de garde ont aussi fait partie de notre quotidien (de nos nuits surtout).

Après ce brief et 2 heures de bateau, nous avons déchargé le matériel du groupe et nos affaires personnels. Tous ensemble, nous nous sommes lancés dans la mise en place de notre premier camp et de notre première tente messe.

Ce 1er juillet était un jour important, un apprentissage intensif de toutes les habitudes qui ont rythmé notre voyage au Groenland.

Jour 3 : tour de garde et première randonnée

Premier petit-déjeuner après une nuit entrecoupée des gardes, nous étions tous à raconter nos tours de garde respectifs. Pendant 1h40, chacun, nous avons surveillés les environs et nous étions ravis de ne pas l’avoir vu cette première nuit. Lui. Vous savez de qui je parle n’est-ce pas ? Lui. Le grand, le beau, le nounours qui ne fait pas vraiment rire mais qui est mythique ! Nous sommes chez lui. Craintif car chassé par les Inuits, l’ours polaire est plutôt timide au Groenland, pour éviter de se faire chasser.

Une première randonnée sous une météo humide était au programme. Nous avons laissé notre campement pour rejoindre les hauteurs et la crête surplombant le fjord d’Ikaasatsivaq.

Jour 4 : découverte de l’inlandsis ou « calotte polaire »

Nous avons plié bagages en ce début de matinée et pris un bateau pour rejoindre notre futur campement. Nous avons rejoint Amitsvartivit, un fjord tout en longueur et particulièrement étroit. Un très beau lieu. Un air bien frais se ressentait : celui d’un glacier situé en amont. Au loin, les icebergs défilaient et nous avons découvert une grosse couche de glace qui recouvrait l’intégralité des montagnes : l’inlandsis, aussi appelée « calotte polaire« .

Jour 5 : une journée mémorable

Nous ne le savions pas encore en ce début de journée, mais nous allions vivre une journée mémorable. La randonnée nous surpris par sa diversité : entre lacs et toundra. À l’Est les glaciers prédominaient, à l’Ouest des montagnes aux couleurs ocres veillaient sur nous. Nous avons poursuivi notre route et remonté la vallée.

Des fleurs arctiques de tout genre rendent le Groenland plus coloré que jamais :  jaune, violet, bleu. On a passé un gué, puis un autre. Nous quittions les chaussures, remontions les pantalons et attendions une chute ou la glissade d’un membre de l’équipe… malgré quelques frayeurs, elle n’a finalement pas eu lieu.

La pause déjeuner eu lieu dans le silence arctique. Aucun bruit, désert total sur ce territoire grandiose infini.

Le point culminant de la journée était proche. arrivés au sommet, une vue panoramique s’offrait à nous mêlant icebergs, glaciers et fjord. À chaque angle de vue ses caractéristiques folles. Les nuances de couleurs étaient extraordinaires.

Une pause s’impose tellement ce moment était tout simplement incroyable. Les mots nous manquaient, jusqu’à la phrase d’Alexandre :

Mon voyage peut s’arrêter là. J’ai vu bien plus que ce que je m’attendais à voir.

Nous sommes redescendus et avons installé notre nouveau camp. Celui-ci donnait sur une baie emplie d’icebergs imposants à seulement quelques mètres. Quand nous entendions des craquements tels des orages, nous sortions de la tente pour constater la décomposition de ces glaces géantes. Ils se retournaient, s’effritaient et se dispersaient. Face à ce lieu incroyable, nous avons tenté une petite toilette à l’eau fraiche puis profité d’un moment de pêche. Les novices comme les confirmés se sont prêtés au jeu.

Jour 6 & 7 : sables mouvants

Nous sommes repartis en longeant le fjord Sermilik. Nous avons tenté de rejoindre Nuuk, en vain. Nous étions trop lents (enfin surtout trop contemplatifs…) pour avancer à un rythme suffisant. Et si on profitait simplement ? Oui oui !

Notre guide Pierre nous a montré encore une fois les dangers de dame nature : « Ne coupons pas le bras de rivière pour gagner du temps, les sables mouvants sont là, alors prudence !« .

Un succulent repas vers 21h sous le soleil de minuit a ravie nos papilles.

Jour 8 : cap sur le fjord Peterson

Le bateau nous a récupéré et nous avons sillonné le fjord Sermilik pour rejoindre le fjord Peterson. Les icebergs tapaient sur la coque du bateau et leur défilé s’est intensifié au fil de l’eau. Nous sommes passés à seulement quelques mètres d’iceberg massifs. Les appareils photos ne savaient plus où donner de l’objectif !

Après une petite heure de navigation nous avons mangé à Tiniteqilaq. Ce petit village de 200 habitants nous a permis de découvrir les locaux et leur manière de vivre. Les maisons colorées sont typiques du Groenland. L’ambiance est chaleureuse, des traineaux immenses aux côtés des habitations nous laissent imaginer les ravitaillements et expéditions pour les vivres hivernales.

Après quelques heures, notre passage au supermarché fût riche en découverte de produits locaux : morrue, mais aussi bonbons, chips, soda… et fusils en libre accès situés à côtés des cannes à pêche. Tout est surprenant ici c’est indéniable !

Nous avons embarqué à nouveau pour rejoindre notre ultime campement.

Jour 9 : rivière sous glaciaire

Le soleil ne comptait pas nous lâcher. Malgré les moustiquaires sur les têtes nous sentions sa chaleur et avons même fait tomber les vestes pour découvrir jambes ou bras.

Départ tardif entre les pierriers pour rejoindre la langue glacière d’Hann Gletscher. Le sol rocailleux a rendu le périple plus long, moins rapide et plus technique. Un bon maintien du pied et de bons crampons n’ont pas été inutiles.

On s’est ensuite approché d’un glacier. On entendait la rivière sous glaciaire… Le bruit était intense tellement le débit était dense !

 

Jour 10 : couleurs du soir et soleil de minuit

Nous apprécions encore et toujours le calme de l’eau. Les iceberg se déplaçaient suivant les marées et les courants. 

Nous sommes partis pour une deuxième randonnée sur les hauteurs. De cailloux en cailloux nous avons poursuivi notre conquête, plus à l’Est cette fois. La vue donnait sur des sommets culminants à plus de 2 000 mètres, les pics enneigés se confondaient avec l’inlandsis et l’immensité de l’horizon. Le panel de couleurs qui s’offrait à nous aurait ravi n’importe quel dessinateur de BD ou peintre naturaliste. Les couleurs de fin de journée étaient incroyables et nous ne nous lassions pas de contempler les mouvements des icebergs. Les soleil ne se couchait jamais mais nous ressentions sa douceur qui annonçait une heure tardive. C’était le soleil de minuit.

Jour 11 : baleines à bosses et village abandonné

Une surprise (et pas des moindre !) s’est ajouté au programme. Le réveil s’est fait sous le souffle des baleines à bosses et des craquements d’icebergs. Magique. Une baleine est restée toute la nuit près de nous, et nous étions tous là au petit-déjeuner à nous raconter nos tours de garde en tête-à-tête avec elle.

Nous avons plions de nouveau bagage, le cœur serré, la fin du séjour s’annonçait. Le transfert en bateau s’est fait calmement et nous espérions voir encore des baleines, une dernière fois. Elles se sont finalement montrées, discrètes.

Le repas du midi s’est fait à Ikateq (village abandonné). Ce lieu a éveillé notre curiosité et nous sommes entrés dans des habitations délaissés. Nous avons découvert la décoration locale de l’époque : quelques revues et posters des années 90 étaient encore présentes. Les habitations semblaient figées dans le temps et l’espace.

Suite de l’échappée en bateau : nous avons pris la mer pour rejoindre Tassilaq. Nous avons dévouvert le village et savouré des esquimaux en bâtonnets pour clôturer cette évadée groenlandaise.

Jour 12 : Kulusuk

Nous avons quitté Tassilak pour nous approcher de l’aéroport de Kulusuk. Le village est encore typique et le coucher de soleil était incroyable ce soir-là. Les couleurs intenses rendaient le décor surréaliste. Nous avons passé une nuit en auberge, dans la joie et la bonne humeur, en dortoir, entre nous tous. Les rires des uns entrainaient ceux des autres. Un bon souvenir. Entre gaieté et nostalgie de la fin nous avons fermé les yeux.

Jour 13 : fin du voyage, retour chez soi

Dernier jour, nous sommes repartis direction Reykjavik, capitale de l’Islande et avons fini ce voyage aventure au groenland tous ensemble, une dernière fois, avant de se dire au revoir et de se séparer, chacun retournant dans son foyer respectif. 

Au revoir Groenland. »

Laurine Bertrand, conseillère spécialiste des terres polaires chez 66°Nord

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